La Sœur de Mozart
Situation

Ce spectacle théâtral et musical met en scène Léopold Mozart, père de Wolfgang, et Nannerl (ou Marie-Anne) sa fille.
Ils sont dans un petit logement où vit également Wolfgang qui dort dans une chambre à côté. Ils sont venus le rejoindre, suite au décès de l’épouse de Léopold – situation imaginée par l’auteur.
L’action se passe à Paris.
Dramaturgie
L’action se passe à Paris, en 1778, dans le modeste logement que Wolfgang occupait alors du côté de la rue Montmartre.
C’est le matin. Léopold, le premier levé, apporte le petit déjeuner. Nannerl vient le rejoindre à table mais pas Wolfgang qui boude et préfère rester dans sa chambre. Il faut dire que l’accueil du public à son récital donné hier chez la duchesse de Chabot fut glacial. Nannerl comprend sa déception mais Léopold, plutôt que de compatir aux déboires de son fils, rejette cet échec sur son comportement qu’il trouve irresponsable. Il s’en suit toute une conversation parfois très vive entre Nannerl et son père à propos de la carrière de Wolfgang. Ils vont même remonter à des situations parfois anciennes datant de la prime jeunesse de Wolfgang et de sa sœur. Celle-ci, connaissant bien son frère, s’en fait un ardent avocat face à l’intransigeance d’un père si fier du génie de son fils qu’il n’en admet pas la fragilité. Cet affrontement verbal trouve son paroxysme dans l’évocation du décès de la mère dont Nannerl en estime Léopold responsable et non Wolfgang. Ces évocations sont ponctuées par différents morceaux de musique dont il est fait référence durant cette conversation.
Vidéo
L’interprétation musicale
Ce spectacle dure une heure et demie, compte tenu des interprétations musicales d’Edwige Lemoine :
- Sonate n°8 en la mineur K310 2° mouvement 9’
- Sonate n°1 en ut majeur K279 1° mouvement 7’
- Le lied chanté en duo : « oiseaux, si tous les ans… » K307 2’
- Variations « Ah, vous dirai-je Maman. » K265 11’
- Prélude-capriccio K 395 6’
- J.S. BACH : Suite française (extraits) 3’
Les personnages
Léopold
Avare, méticuleux, maniaque, mais il y a aussi chez cet homme un sens aigü de l’observation et du jugement critique. De par son caractère, il n’affronte pas les difficultés mais les contourne. C’est un homme sans états d’âme, conscient de la modestie de son origine et convaincu par conséquent que, pour réussir, Wolfgang doit faire preuve d’une grande ténacité mais aussi, à l’occasion, d’un certain sens du compromis.
Toute sa vie, toute son énergie de besogneux méthodique, Léopold les a vouées à la réussite artistique de ses enfants et principalement celle de Wolfgang.
Au cours de ce spectacle, il feuillette souvent un épais bloc de lettres que son fils et sa femme lui ont écrites lors de leurs voyages. En effet, Léopold, conscient du génie de son fils, avait pris soin de conserver pieusement tout son courrier et l’avait même systématiquement recopié ainsi que ses propres lettres, dans la perspective d’une hypothétique gloire, encore bien incertaine.
La lecture par Léopold de certains extraits de ces lettres lui permettra donc d’argumenter plus précisément les griefs qu’il a contre son fils.
Nannerl
Sincérité et discrétion sont les premiers traits qui la caractérisent, mais aussi nostalgie. Nostalgie de son enfance dorée, partagée avec son frère, quand ils étaient reçus dans toutes les Cours d’Europe. Nostalgie de cette gloire naissante qui leur a été confisquée, et à elle plus encore qu’à son frère.
Elle fait preuve néanmoins d’une certaine lucidité face aux difficultés rencontrées par son frère, mais s’exprime avec retenue, comme pour ne pas froisser le père. A quel point ne joue-t-elle pas un jeu ? Mais elle a vingt six ans et est célibataire. Elle sait donc qu’il lui faut pleinement accepter l’autorité paternelle, à l’inverse de Wolfgang, qui, lui, bientôt rompra toutes relations familiales. Elle pressent cela déjà. Wolfgang n’apparaîtra pas mais Nannerl va parler pour lui et plaider sa cause, fut-ce par son interprétation musicale – Wolfgang estimait la virtuosité de sa sœur meilleure que la sienne.
Référence historique
Ce spectacle se situe donc en juillet 1778, Wolfgang a alors vingt deux ans. Il est à un moment charnière de sa vie. En effet, après les années d'enfance passées à voyager avec ses parents entre toutes les Cours d’Europe, il a continué de s’affirmer dans l’art de la composition. Mais son statut de musicien, équivalant presque à un état de domestique sous l’autorité cassante du Prince-Archévêque de Salzbourg, ne lui a pas permis d’acquérir la renommée qu’il ambitionne.
A l’instigation de son père, et accompagné cette fois seulement de sa mère – personnage effacé et passif – il a donc quitté à nouveau Salzbourg.
A Mannheim, il a fait la connaissance d’une toute jeune chanteuse, Aloysia Weber. Ce sera l’amour de sa vie (même si plus tard il épousera sa sœur Constance). Mais Léopold a vu cette idylle d’un très mauvais œil et a obligé (à distance) son fils à quitter Mannheim pour venir à Paris.
Wolfgang va y rester six mois. Ce séjour sera pour lui un échec car il ne s’intégrera pas dans la société parisienne, et, entouré de quelques musiciens allemands, il n’aura qu’un souhait : aller retrouver la belle Aloysia. Et il ira, mais elle sera déjà partie, pour un autre.
Sa mère décédée, Wolfgang se retrouve donc seul pour la première fois de sa vie, et qui plus est en terre étrangère.
Cette situation l’amène alors à réfléchir sur ses talents de musicien et les responsabilités que cela lui implique dans le monde artistique. Et tout d’abord, oser rompre enfin avec l’autorité paternelle.
C’est aussi à Paris qu’il va nouer ses premières relations avec la Franc-maçonnerie, lui faisant prendre conscience de son état de musicien-domestique, comme tous les musiciens de l’époque, lorsqu’ils étaient au service de la noblesse ou même du clergé.
Ainsi, il s’affranchira aussi et radicalement de la soumission que lui imposait l’archevêque de Salzbourg. A son retour de Paris, il ira s’installer à Vienne.
En 1778, Wolfgang n’a pas encore écrit les grands opéras qui ont marqué son œuvre, mais il est déjà l’auteur de nombreuses symphonies concertantes et autres fugues et sonates où la liberté et la sensibilité du compositeur-interprète ont fait merveille.
Note d’intention
Nous découvrons le modeste logement parisien où Léopold – le père – et Nannerl – la sœur – sont venus rejoindre Wolfgang, suite au décès de la mère. Wolfgang ne se montre pas et reste dans sa chambre. Il dort ! Il a vingt deux ans et est en situation d’échec. Toute la conversation tourne sur ce thème.
Le père accuse le fils, la sœur le défend. Et la musique, référence indissociable à toute objection, est omniprésente.
Nous assistons donc en temps réel à un moment de la vie quotidienne de ces personnes, et c’est ce sentiment d’intimité, d’authenticité qui doit nous aider à comprendre la personnalité de celui dont on parle constamment. Chaque moment, chaque phrase, chaque geste doivent être vécus avec le plus grand réalisme. Et c’est par cette mise en scène de l’authenticité et de la vérité que l’on pourra comprendre comment et pourquoi Wolfgang Mozart a décidé de s’engager sur les voies incertaines de la liberté.
Je suis convaincu que c’est par ce concept de l’intimité familiale voire domestique que la personnalité d’un être exceptionnel est plus à même de se laisser deviner.
C’est dans la face cachée de l’être humain qu’il faut aller chercher les tréfonds de son âme.
Le Rimbaud hâbleur et alcoolique de Zanzibar avait encore sûrement au fond de lui la même sensibilité que l’adolescent solitaire de Charleville-Mézière qu’il avait été quinze ans plus tôt. Encore eût-il fallu l’écouter.
J’ai souhaité découvrir et faire connaître Mozart non pas par sa célébrité mais par la fragilité de son être.
Loïc PICHON
Extrait du spectacle
Sur scène :
- une table avec un fauteuil et deux chaises
- un piano
- une cheminée sur laquelle sont posés un violon dans son étui, un épais classeur de courrier, un encrier, un chandelier, une carafe d’eau et deux verres
Léopold apparaît en fond-de-scène Cour tenant un chandelier dans une main. Il est en chaussons, chemise ouverte, sans col ni cravate et sans perruque. Il allume le chandelier posé sur la cheminée et laisse son regard traîner vers la sortie fond-de-scène Jardin.
LEOPOLD – Je suis un pauvre homme tourmenté.
Il ressort en fond-de-scène Cour.
Il réapparaît avec cette fois dans les mains un chiffon et ses chaussures. Il vient s’asseoir face-public. On le sent un peu énervé. Tout en nettoyant ses chaussures…
LEOPOLD – Sans cesse s’habiller, se déshabiller, faire et défaire les malles ; en hiver, pas de chambre chauffée, on se gèle comme un chien ; et en été, l’air vous manque et l’eau vous contamine. Dieu merci, je suis encore en bonne santé. Il est vrai que je fais tout ce qu’il faut pour y parvenir. Mais la volonté de Dieu passe avant tout. Les enfants !… Wolfgang !… Nannerl !… Il faudrait peut-être songer à vous lever !
Les chaussures à la main, il s’en va à Cour.
A Jardin, Nannerl apparaît. Elle est vêtue d’une grande chemise de nuit blanche, cachée sous une modeste robe de chambre. Elle vient s’asseoir à table.
Léopold revient portant un plateau avec théière, tasses et gâteaux, qu’il pose sur la table, devant Nannerl.
LEOPOLD – Ma fille ! Nous sommes à Paris, et je doute que cette apparence pour le moins négligée convienne à une jeune fille invitée à la Cour.
NANNERL – Ce qui convient à Salzbourg conviendra ici tout autant. Et que je sache, vous n’êtes pas le roi, mon cher papa.
Qu’est-ce que c’est ? (elle prend un gâteau)
LEOPOLD – Des « plaisirs ». C’est la voisine qui les a achetés. Ils ne coûtent qu’un sol.
NANNERL – elle en croque un – C’est encore beaucoup.
LEOPOLD – Nous en avons quatre chacun. Quatre sols pour le petit déjeuner cela peut aller.
NANNERL – Pourquoi n’achetez-vous pas du pain ? Puisqu’on dit qu’il est si bon, c’est du moins l’avis des Parisiens.
LEOPOLD – Il est peut-être bon mais, à mon avis, un peu trop cher.
NANNERL – Mais pourquoi, en France, le pain est-il si cher ?
LEOPOLD – Oh, il n’y a pas qu’en France. Je me souviens, en 65, lorsque nous étions à Anvers, toute la ville s’était insurgée contre le prix des denrées alimentaires. Si bien qu’à la fin, pour calmer le peuple, les Autorités consentirent enfin à interdire les exportations de blé et à admettre les importations étrangères. Et cela suffit.
NANNERL – Pourquoi ?
LEOPOLD – Tant qu’on bloque la concurrence les prix montent, au bénéfice de quelques uns, bien sûr, et au détriment de tous les autres, évidemment.
NANNERL – Et vous croyez qu’en France, actuellement, il y a cette même injustice ?
LEOPOLD – Je ne sais pas mais peut-être.
NANNERL – Cela fait curieux tout de même de manifester pour le prix du pain.
LEOPOLD – Tout le monde n’a pas la chance d’avoir quelques « plaisirs » à se mettre sous la dent.
NANNERL – Moi, j’aimerais mieux de la brioche…
LEOPOLD – Que fait ton frère ?
NANNERL – Il dort.
LEOPOLD – Wolferl !
NANNERL – Je crois plutôt qu’il ne veut pas se lever.
LEOPOLD – Je le crois aussi.
NANNERL – Il ne veut plus de ces visites humiliantes.
LEOPOLD – Ah mais ! La manière de vivre à Paris est fort différente de celle des Allemands, nous le savons bien. Et leur façon de s’exprimer poliment est tout à fait particulière.
NANNERL – Particulière ! Mais hier, on ne l’a même pas écouté, nous a-t-il dit. On l’a prié de jouer sur un piano exécrable, en lui faisant comprendre qu’il n’y en avait pas d’autre ; et pendant ce temps, toute cette bonne compagnie ne cessait de parler, de dessiner, de plaisanter. Si bien qu’à la fin, il s’arrêta et il fit bien. Et à sa place, je n’aurais même pas demandé à la duchesse s’il fallait encore rester.
LEOPOLD – Oui. Et tu aurais eu bien tort, car le duc est enfin arrivé, n’est-ce pas, et lui a prêté la plus grand attention.
NANNERL – Mais Papa ! Les Français sont toujours comme ça. Ils disent « c’est prodigieux, c’est inconcevable, c’est étonnant !… » Mais personne ne lui a seulement demandé ce qu’il jouait. Elle est pourtant belle cette sonate.
LEOPOLD – Laquelle ?
NANNERL – La dernière, celle en la mineur.
Léopold fait le geste de ne pas comprendre
NANNERL – amusée – Vous ne la connaissez pas ?
Même expression de Léopold.
Nannerl se lève et va au piano. Elle en joue les premières notes
LEOPOLD – La mineur, nous y voilà !
NANNERL – joueuse – Pardon ?
LEOPOLD – Mais non mais non, je sais bien, c’est du fa majeur.
NANNERL – Oui, le deuxième mouvement est en fa majeur.
LEOPOLD – En fa majeur ! Mais il a beau nous divertir avec du fa majeur, on a bien compris qu’en ce moment c’est le mode mineur qui l’obsède. Et comme sa précédente sonate pour violon et piano, encore en mineur ! Ton frère se complet dans la mélancolie. Comment veux-tu qu’il se fasse aimer en proposant de telles sonates ?
NANNERL – Il n’a rien écrit de plus beau depuis qu’il a quitté Salzbourg.
LEOPOLD – On se croirait à un enterrement.
NANNERL – Papa !
Nannerl interprète la sonate n°8, 2° mouvement, K310.
L’oreille attentive, Léopold finit sa tasse et se lève avant la reprise.
LEOPOLD – N’oublie pas que cette réception d’hier soir chez la duchesse de Chabot s’est faite par l’entremise du Baron Grimm, qui est sûrement la personne la mieux qualifiée pour juger des intérêts de ton frère. Et lui aussi ferait bien de ne pas l’oublier.
NANNERL – Cette sonate est magnifique, Papa, pathétique peut-être mais magnifique. Et, hier soir, Wolfgang n’a rien dit d’autre.
Nannerl se remet à jouer.
Léopold s’en va en emportant sa tasse.
A la fin du morceau, il réapparaît. Il est correctement vêtu et a mis ses chaussures.
La perruque à la main, il s’arrête près du piano, et l’ajuste sur sa tête.
LEOPOLD – Cette sonate est peut-être charmante mais il avait la tête encore à Mannheim lorsqu’il l’a composée, cela se sent. Et pour ici, je le crois vraiment, ce n’est pas bon.
… / …
Biographies
Marianne Mozart naît à Salzbourg en 1751. L’acte de baptême de cette enfant comporte des éléments surprenants ; en effet, elle est mentionnée « née à 5 heures du soir, puis re-née à 6 heures. » Cette mention signifie simplement « baptisée, du latin renatus, et non pas que l’enfant aurait fait un arrêt cardiaque puis une reprise ensuite ! Quatrième enfant des Mozart, mais seulement le premier qui survit jusqu’à l’âge adulte. Marianne sera la sœur aînée du jeune Wolfgang. Elle sera surnommée Nannerl et montrera très tôt des dons exceptionnels en musique. Elle sera éclipsée par son jeune frère.
Elle se marie en 1784, à trente trois ans, avec un noble veuf, beaucoup plus âgé qu’elle et déjà père de cinq enfants. Elle aura trois enfants.
A la mort de son mari, en 1801, Nannerl revient à Salzbourg avec ses trois enfants qu’elle élève modestement en donnant des leçons de piano. En 1820, elle devient aveugle. Elle meurt en 1829 âgée de 78 ans.
Mozart correspondra souvent avec elle de Vienne. Nannerl tout comme Léopold désavoua toute sa vie le mariage de Wolfgang et Constance. Wolfgang lui lancera parfois quelques piques dans ses lettres, lorsqu’elle se plaindra de petits maux ; il lui répond alors affectueusement, mais sans détours « le meilleur des remèdes à tous tes maux serait un mari ! »
Johan Georg Léopold Mozart (1719-1787) était un compositeur, professeur de musique et violoniste. Il est aujourd'hui surtout connu comme père et professeur de Wolfgang Amadeus Mozart, mais était assez célèbre à son époque.
Jeune homme, il part à Salzbourg pour étudier le droit et la théologie, mais s'intéresse plus à la musique, et entre au service du comte Thurn und Taxis en tant que violoniste et secrétaire, en 1740. En 1743, le prince-archevêque de Salzbourg le prend à son service comme compositeur et maître de concert.
En 1747 il épouse Anna Maria Pertl, qui lui donne sept enfants, dont deux seulement survivent, Maria Anna Wallburga Ignatia née en 1751 (surnommée Nannerl) et Wolfgang Amadeus né en 1756.
En 1756, année de naissance de Wolfgang Amadeus, Léopold écrit son Versuch einer gründlichen Violinschule (Traité en vue d'une méthode fondamentale pour le violon), une méthode de violon très importante qui sera traduite dans toute l'Europe. Aujourd'hui, c'est une des principales sources pour l'exécution authentique des œuvres du XVIIIe siècle. Léopold consacre ses qualités de pédagogue à l'éducation musicale de ses deux enfants. Les dons exceptionnels de son fils le décident à organiser des concerts à travers l'Europe pour exhiber ses talentueux enfants. En 1763, il devient vice-maître de chapelle à la cour du prince-archevêque de Salzbourg. Léopold Mozart meurt le 28 mai 1787, à Salzbourg.
Son œuvre la plus connue (Cassation en Sol pour orchestre et jouets ou Symphonie des jouets) fut un temps attribuée à Joseph Haydn.
Revues de presse
Mozart, personnage maintes fois raconté, apparaît sous un jour différent dans le spectacle « La sœur de Mozart », où Loïc Pichon met en scène la conversation de deux intimes de la vie du compositeur, son père, Léopold, et sa sœur, Nannerl. (..) Cette évocation, riche de références historiques, est ponctuée d’intermèdes musicaux (joués au piano par la sœur de Mozart), qui font découvrir la sensibilité de ses premières œuvres : sonate n°8, lied et variations… Grâce à l’interprétation toute en finesse des deux comédiens, Loïc Pichon et Edwige Lemoine, également musicienne, on se laisse totalement prendre par ce face à face imaginaire…
Le ParisienOlivia Peresson – 21 mars 2007
Le Théâtre du Ranelagh était l’écrin idéal pour accueillir la pièce de Loïc Pichon, il fut autrefois dévolu au bel-canto. Cette pièce musicale est agréablement entrecoupée par des intermèdes musicaux que distille avec alacrité, l’actrice et pianiste Edwige Lemoine. Dans un décor sobre, nous assistons à une conversation entre Léopold, le père de Mozart et la sœur du musicien, Nannerl (…) Loïc Pichon, l’auteur et le metteur en scène nous offre un personnage tourmenté qui est obsédé par la carrière de son fils prodige, oubliant avec un certain dédain celle de sa fille. Celle ci soumise avec résignation à la coupe paternelle et au poids du génie nous offre un personnage plein d’abnégation. Un moment émouvant qui nous donne l’occasion de découvrir les affres et les tourments de la vie d’un génie et la vie d’un personnage talement méconnu, sa sœur.
Reveland.comMars 2007
Nous connaissions déjà la biographie de Mozart condensée dans le brillant et célébrissime film Amadeus (1984) réalisé par Milos Forman. La pièce intimiste La soeur de Mozart se penche sur un épisode imaginaire particulier : les derniers moments de Mozart sous la coupe de son père. On est en 1778, et Mozart a 22 ans. Edwige Lemoine et Loïc Pichon défendent un texte érudit et dense. La mise en scène sobre et statique peut apparaître austère. L'originalité du spectacle réside dans la restitution de la musique de Mozart sous les doigts adroits d’Edwige Lemoine au piano. Elle apporte une respiration salutaire au texte et souligne la grâce géniale et détachée des partitions : le contraste est immense en comparaison avec les échanges terrestres et pourtant sensés du père et de la soeur. Cette pièce intéressera un public mélomane, qui y trouvera une évocation de Mozart moins rock-star que dans le film Amadeus, mais plus comme un jeune artiste qui doit s’accomplir.
Regardencoulisse.comThanh Than Trong – mars 2007
Spectacle théâtral et musical charmant sur la scène du Ranelagh.
La Soeur de Mozart est une fantaisie écrite et mise en scène par Loic Pichon. A partir de la correspondance de Mozart, il a imaginé un dialogue entre Nannerl, la sœur de Mozart et Léopold, son père, lors de leur voyage à Paris en 1778.
La-Croix.comEmmanuelle Giulani – mars 2007
Ne manquez pas au théâtre Le Ranelagh – ce ravissant petit théâtre du seizième arrondissement, 5 rue de Vignes – une très très jolie pièce musicale, mise en scène et écrite par Loïc Pichon, avec Edwige Lemoine, pianiste et actrice. Cela s’appelle : « La Sœur de Mozart », et c’est un dialogue imaginaire entre Léopold, le père, et Nannerl Mozart, la soeur aînée de Wolfgang. C’est plein, plein de subtilité. Et Edwige joue vraiment du piano d’une façon divine. Donc, allez-y, courez-y ! (…)
Radio ClassiqueNelson Montfort – Mars 2007
Ce spectacle musical écrit et mis en scène par Loïc Pichon braque ses projecteurs sur Léopold, le père de Mozart, et Nannerl, sa sœur, elle-même musicienne.
Comment vit-on dans l’ombre d’un génie ? Tandis que Wolfgang – que l’on ne verra pas – traîne au lit et tarde à se lever, une conversation imaginaire s’engage entre les deux protagonistes, un père psycho-rigide et une sœur tendre et effacée, ponctuée par de judicieuses et généreuses respirations musicales au piano (près de 40 minutes de musique au total). Ces deux intimes de Mozart confrontent leurs points de vue sur son comportement, sa carrière et sa musique, témoignent de ses rapports difficiles avec la société de l’époque, de sa difficulté à « jouer le jeu » du pouvoir et des faux-semblants… Le spectacle se déroule en juillet 1778, à Paris, Mozart est alors âgé de 22 ans et se situe à un moment-charnière de sa vie, à un moment de rupture entre ses années d’enfance de « singe savant » dans les Cours d’Europe et son désir grandissant de s’émanciper de la posture de musicien-domestique. Après l’échec de son expérience parisienne, Mozart s’installera à Vienne et donnera le coup d’envoi d’une décennie trépidante et souvent douloureuse de création musicale… Avec simplicité et pudeur, le spectacle nous fait pénétrer dans le quotidien banal et exceptionnel à la fois de ces proches du génie. Avec Loïc Pichon et Edwige Lemoine, comédienne et pianiste dans le rôle-titre.
LaTerrasseJean Lukas – Février 2007
Spectacle musical écrit et mis en scène par Loïc Pichon avec Edwige Lemoine et Loïc Pichon.
"La sœur de Mozart" est une pièce musicale qui relate une conversation imaginaire entre Léopold Mozart et Nannerl, sa fille et surtout la sœur du petit prodige Amadeus. Et de quoi, ou plutôt de qui, parlent-ils ? Bien évidemment d’Amadeus qui vient d’arriver à Paris alors que la période heureuse et bénie de l’enfant prodige reçu par toutes les têtes couronnées appartient déjà au passé. Loïc Pichon, auteur et metteur en scène, joue le rôle de Léopold, personnage inquiet et besogneux qui s’inquiète continuellement de la carrière de son fils, négligeant sa fille aînée elle-même musicienne talentueuse. Edwige Lemoine, elle même pianiste émérite, campe la douce Nannerl, soumise à l’autorité paternelle, reléguée au second plan, qui montre une bien belle abnégation et régale le public de sa belle prestation théâtrale et musicale. Du Mozart, bien sûr. Les belles boiseries du Théâtre du Ranelagh fournissent un décor tout à fait adapté à ce plaisant spectacle musical.
Froggy's DelightMM – février 2007
«Encore Mozart?» Après une année 2006 au cours de laquelle on pouvait penser avoir fait le tour de la question, l’attention est toutefois attirée par l’angle d’attaque original que semble promettre un «spectacle musical» sobrement intitulé La Sœur de Mozart et présenté dans le cadre toujours délicieux du Théâtre Le Ranelagh. Loïc Pichon a écrit et mis en scène Quelques aperçus de sa sœur, Maria Anna, alias Nannerl (1751-1829), de quatre ans et demi l’aînée du divin Wolfi. (…) Au fil du dialogue apparaissent surtout les désillusions de Leopold, qui, interprété avec une grande force de conviction par Loïc Pichon, s’impose, nonobstant le titre du spectacle, comme le personnage principal : bourru et bougon, attentif à l’argent et au respect de l’ordre établi, mais loin de la caricature du monstre acharné à exploiter ses enfants prodiges, même s’il est aisé de comprendre le caractère aigri et fataliste à la fois d’un homme qui, dans sa cinquante-neuvième année, est encore tributaire, par exemple, du succès d’une visite à la reine, finalement annulée pour cause d’indisposition de «l’Autrichienne».(…) La musique de Mozart, qu’Edwige Lemoine, pianiste de formation, joue au fur et mesure sur un instrument moderne, est largement représentée, qu’il s’agisse d’œuvres tout juste antérieures à ce mois de juillet 1778 où est située l’action – l’Andante cantabile con espressione de la Huitième sonate, le duo Oiseaux, si tous les ans, vaillamment chanté par les deux protagonistes, les douze Variations «Ah, vous dirai-je maman», bien venues, et le rare Capriccio/Preambulum modulant – ou de partitions antérieures – l’ Allegro initial de la Première sonate (1774) et même un court extrait d’une Suite française de Bach. Le thème du spectacle donne lieu à une exploitation intéressante : Aloysia (Weber), la franc-maçonnerie, le décès de la mère, en fin de compte, bon nombre de pistes sont abordées. Les quelques notations pittoresques sur la maladie de Nannerl à Dijon, sur les rumeurs à la cour de France ou sur la superficialité des esprits de la capitale esquissent par ailleurs un tableau plaisant de l’époque.
Radio ClassiqueSimon Corley – février 2007
Photos du spectacle








